Le chat aime les caresses?
Le chat tend le menton, frotte sa joue contre notre jambe, pousse notre main du bout de son nez… ces signaux nous invitent à le caresser. Mais dès que les doigts touchent le ventre, le chat ronronnant se rebiffe! Aime-t-il ou n’aime-t-il pas nos câlins?
Un des comportements couramment observés chez le chat est le frottement qu’il exerce sur des objets, sur un congénère ou sur les jambes de son propriétaire. Les fonctions de ce comportement sont multiples, mais la principale a pour but de déposer des substances odorantes grâce aux glandes sébacées. Le chat domestique passerait ainsi certaines zones de son corps sur les pieds de table, de chaises, les coins de murs, comme le font les chats errants sur les arbres au sein de leur domaine de vie. En déposant sa propre odeur, le chat sèmerait des indices pour se repérer dans l’espace et cela lui procurerait une certaine sécurité. Cette attitude est également un moyen de communication avec ses congénères pour signifier sa présence. En général, il commence par la zone périorale (menton et coin des lèvres), puis il frotte ses tempes (joues et zone entre les yeux et oreilles) et enfin, il termine avec la base de la queue.
l’un contre l’autre, ils échangent leurs odeurs et maintiennent des liens entre eux. Ces gestes sont appelés par les scientifiques des comportements affiliatifs. Reproduits sur un humain, ils auraient la même fonction de renforcement du lien. Pour cela, le chat se frotte aux jambes de son propriétaire, ou sur d’autres parties du corps ou même de la figure. En extrapolant, les caresses de la main humaine vers le chat seraient le comportement parallèle des frottements mutuels entre chats.
Quelques scientifiques se sont intéressés aux caresses et aux réactions des chats vis-à-vis de celles-ci. Leurs études apportent des éléments de réponse à nos interrogations légitimes sur ce sujet.
Un chercheur de l’université de Zurich, en Suisse, a ainsi montré que les contacts initiés par les chats étaient plus longs que ceux initiés par les humains, surtout parce que le chat y met un terme plus rapidement que lorsque c’est lui qui en est à l’origine. Pour ce chercheur, l’explication de la motivation des chats à aller prioritairement vers les personnes qui ne les aiment pas particulièrement serait que ces derniers ndonnent tout bonnement la préférence aux individus qui sont indifférents à leur présence donc qui les laissent tranquilles !
Dans une autre de ses études, l’universitaire a révélé des différences dans les comportements des femmes et des hommes vis-à-vis d’un chat. Les femmes caressent ainsi leur chat plus souvent que les hommes, elles interagissent plus souvent à distance, se mettent à la même hauteur que leur animal en lui parlant. Et les chats auraient une préférence pour ce genre d’échanges. Certainement parce que la voix leur permet d’anticiper la recherche de contact. Ces résultats ne sont pas anodins dans l’établissement d’une bonne relation homme-chat. Accepter la nature indépendante du chat serait un des secrets pour une relation harmonieuse. De plus, la personnalité de l’humain a des répercussions sur le comportement de leur chat. On sait désormais, par exemple, que les personnes émotionnellement instables ont moins fréquemment d’échanges avec leur chat, sans doute parce qu’elles recherchent trop souvent le contact.
Toutefois, tous les chats n’ont pas les mêmes préférences. Certains apprécient d’être caressés sur la tête, sous le menton, d’autres aiment être caressés sur le dos, ou encore, mais cela est nettement plus rare, sur le ventre. Si l’humain apprécie tout particulièrement passer la main sur le ventre des chats où les poils sont plus doux, nombre d’entre eux n’en raffolent pas du tout ! Pour habituer son chat progressivement, il est conseillé d’augmenter le temps de contact graduellement. Mais s’il évite ce dernier, il vaut mieux renoncer et ne pas le forcer. Les récepteurs sensoriels étant très sensibles sur cette partie du corps, cela n’est sans doute pas agréable pour lui, ce qui exliquerait que certains finissent par s’enfuir, griffer ou même mordre pour y mettre un terme.
Si la tolérance au contact varie d’un chat à l’autre en fonction des préférences individuelles et des expériences passées, des zones du corps paraissent plus propices aux caresses : 48 % des chats préfèrent qu’on les caresse sur la tête (dont 27 % sur les joues, nez ou près des yeux ou sous le menton ; 21 % sur, près, derrière les oreilles) et 8 % sur le ventre ou à la base de la queue. « Les chats indiquent ce qu’ils préfèrent en restant à proximité de la personne qui les caresse, en fermant les yeux et en positionnant leur corps de façon à encourager la main de l’humain à continuer », relate une scientifique de l’université de Kent aux États-Unis, suite à une étude réalisée sur 90 chats.
Il arrive que les chats aient des endroits de prédilection dans la maison pour interagir avec leur maîtres. Et certains chats adultes préfèreraient être caressés assis sur nos genoux tandis que d’autres assis à côté de nous. En étant attentif aux réactions de notre félin, nous pouvons détecter ses préférences et ses aversions. Mais ce n’est pas parce que le chat ronronne qu’il apprécie les caresses. Ce mode de communication peut aussi être une manière de se rassurer lorsqu’il est soumis à un stress.
Plus un chaton est manipulé précocement, plus il sera familiarisé et amical envers les humains. La sélection joue probablement un rôle important dans ce degré de tolérance à la manipulation et à l’appréciation du contact de la main humaine.
Les conditions de vie affectent aussi la relation homme-chat. Lorsque les chats sont hébergés seuls, ils passent plus de temps à interagir avec leur propriétaire que les chats vivant en communauté. La différence est certainement due à la manière dont le propriétaire s’occupe de son animal avec lequel il passe probablement plus de temps.
Enfin, de nombreux propriétaires ne prennent pas toujours le temps de comprendre ce que leur animal veut et ce qu’il apprécie. Il est important de respecter ses besoins, son rythme d’activité, ses préférences pour différents types d’échange. Et si l'on considère que le chat préfère les interactions lorsque c’est lui qui les initie, il est impératif de ne pas le déranger quand il dort !
Car nos animaux domestiques n’ont pas tous la même sensibilité à la stimulation tactile, ni le même plaisir. Pour beaucoup d’entre eux, apprécier de se faire caresser est le fruit d’un apprentissage. Il est donc conseillé de leur apprendre graduellement à apprécier le contact, à se faire papouiller et leur faire associer la caresse à un moment agréable. En observant leurs réactions et en comprenant les signaux qu’ils nous envoient, l’interaction ne se fera que plus harmonieuse et nous gagnerons une satisfaction mutuelle.