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Leptospirose canine : une maladie polymorphe…

Leptospirose canine :  une maladie polymorphe…
© IStock

La leptospirose est une maladie bien connue des éleveurs et propriétaires de chiens. Comme les reins et le foie sont les premiers organes ciblés par les bactéries, des signes d’insuffisance rénale ou hépatique sont les plus fréquemment observés mais des formes atypiques peuvent aussi être observées

La leptospirose est une maladie potentiellement mortelle pour le chien mais sa gravité dépend de plusieurs éléments : la virulence de la souche de leptospires, l’importance de la contamination, la réponse immunitaire du chien, la précocité du traitement, etc.

Signes « classiques » de leptospirose

Au départ, la leptospirose provoque en général un syndrome fébrile (abattement, anorexie et hyperthermie) puis le développement de symptômes digestifs : vomissements et diarrhée. L’ictère (lié à la destruction des globules rouges) n'est pas systématique mais la suspicion de leptospirose est forte s’il accompagne le syndrome fébrile.

Des saignements digestifs sont fréquents et des ecchymoses sont parfois présentes dans les cas graves : elles sont provoquées par des saignements cutanés.

Chez les femelles gestantes, la leptospirose est une cause d’avortement 1.

Une forme pulmonaire grave de leptospirose

Des signes d’hémorragies pulmonaires liées à la leptospirose ont été décrits pour la première fois chez un chien en 2010 mais cette forme émergente de leptospirose canine est de plus en plus fréquente en Europe. Lors d’atteinte aiguë, le chien présente des difficultés respiratoires importantes et de multiples foyers hémorragiques dans les poumons peuvent être visualisés à la radiographie. Parfois, le chien expectore du sang ou saigne du nez.

Les analyses bactériologiques chez les chiens présentant une détresse respiratoire montrent pourtant que le tissu pulmonaire contient peu de leptospires ; les symptômes pourraient donc être liés à une réaction immunitaire excessive ou aux lésions consécutives à la libération de toxines. Même en l’absence de symptômes respiratoires, des lésions pulmonaires peuvent être détectées chez au moins 40 % des chiens malades 2. Le pronostic de cette forme respiratoire est mauvais : le taux de mortalité atteint 77 % chez les chiens qui manifestent des difficultés respiratoires importantes à cause de la leptospirose.

Des formes atypiques de plus en plus fréquentes

Les signes cliniques de leptospirose varient en fonction du type de leptospire impliqué et du statut immunitaire du chien. Dans de nombreux cas, la maladie apparaît de manière insidieuse et les troubles présentés par le chien sont peu spécifiques. Selon les cliniciens, « la leptospirose peut ressembler à n’importe quoi et n’importe quoi peut ressembler à la leptospirose ».

Portage chronique de leptospires

Certains chiens hébergent des leptospires dans leur organisme mais expriment très peu de signes de la maladie. On les appelle des porteurs chroniques asymptomatiques.

Ces chiens, bien qu’apparemment en bonne santé excrètent des leptospires dans leurs urines. Il est donc très important de les détecter et de les traiter, notamment pour éviter qu’une insuffisance rénale chronique ne se développe, une maladie accompagnant fréquemment le développement de cette forme particulière de leptospirose 3.

Diagnostic sérologique ou test PCR ?

Puisque la leptospirose produit souvent des symptômes frustes, il est important de la rechercher chez tout chien présentant un syndrome fébrile ainsi que des signes d’atteinte hépatique ou rénale. Le fait que le chien ait accès à des zones humides est un facteur de risque important.

Mesurer le taux d’anticorps anti-leptospires dans le sang du chien peut aider à faire le diagnostic. Si le taux augmente dans un intervalle de 7 à 14 jours, la suspicion de leptospirose sera confirmée. Ces tests sur le sérum sont rapides et peu coûteux à mettre en œuvre.

Si l’infection est très récente, le résultat peut être négatif lors du premier test (peu d’anticorps ont encore été produits) mais un second test réalisé 15 jours après le premier sera positif, car le chien aura commencé à s’immuniser.

Il est également possible de rechercher la présence de leptospires dans le sang ou l’urine grâce à des méthodes qui mettent en évidence l’ADN des bactéries (test PCR). A la différence des tests sérologiques, un test PCR n’est pas influencé par la vaccination. Un test PCR est aussi très utile en fin du traitement, pour vérifier que le chien n’excrète plus de leptospires.


1. ANDRÉ-FONTAINE G., HERNANDEZ J., “La leptospirose chez le chien”, Point Vét., 2008, 284, 47-51.
2. TANGEMAN L.E. et al., “Clinicopathological and atypical features of naturally occurring leptospirosis in dogs: 51 cases (2000-2010)”, J. Am. Vet. Med. Assoc., 2013, 243, 1316-1322. 
3. SANT’ANNA R., et al., « Asymptomatic leptospiral infection is associated with canine chronic kidney disease », Comp. Immunol. Microbiol. Infect. Dis., 2019, 62, 64-67